The Dropout : le scandale Theranos, ou les coulisses d’une chute programmée
D’où vient le scandale Theranos ?
Imaginez une jeune femme brillante, au regard perçant, au timbre de voix si particulier, qui promet de révolutionner la médecine avec une simple goutte de sang. Ajoutez à cela des investisseurs prestigieux, des articles élogieux dans la presse, une start-up valorisée à 9 milliards de dollars… et une technologie qui ne fonctionne pas. Voici le cœur de la série The Dropout, disponible sur Disney+, qui retrace la véritable histoire d’Elizabeth Holmes et du scandale Theranos.

Le scandale Theranos : promesses, manipulations et illusions
Derrière ce mot-clé qui fait frémir la Silicon Valley, le scandale Theranos est avant tout l’histoire d’une ambition démesurée. Elizabeth Holmes, abandonnant Stanford à 19 ans, fonde Theranos avec l’idée de simplifier les analyses sanguines. Un concept aussi révolutionnaire que bancal. Car très vite, la réalité technologique ne suit pas le discours commercial.
Pendant des années, pourtant, tout le monde y croit ou préfère y croire. Le charisme d’Elizabeth, sa façon d’imiter Steve Jobs (jusqu’à la tenue noire) et de maîtriser sa voix grave hypnotisent.
La série explore cette tension constante entre vision et tromperie. Le scandale Theranos n’est pas simplement une fraude : c’est un mirage collectif entretenu par la foi aveugle dans l’innovation.


Amanda Seyfried crève l’écran en Elizabeth Holmes
Le casting est sans doute l’une des clés du succès de la série. Amanda Seyfried, que l’on connaissait plutôt dans des rôles légers ou romantiques, livre ici une performance dense, nuancée, glaçante parfois. Elle capte avec une précision troublante la gestuelle, le regard fixe, la posture à la fois déterminée et déconnectée d’Holmes.
Ce jeu d’acteur ne se contente pas de copier : il propose une interprétation. On perçoit la faille derrière l’assurance, le besoin de reconnaissance, la peur de l’échec. Amanda Seyfried rend Holmes humaine, presque attachante, sans jamais minimiser la gravité de ses actes.
Le contraste entre l’ambition et le mensonge devient palpable. On regarde cette femme se construire un empire sur du vent, mais avec une force de conviction déconcertante. Et on s’interroge, bien sûr : jusqu’à quel point aurait-elle pu réussir si elle avait choisi un autre chemin ?
Une femme seule dans un monde d’hommes
La série ne cache pas les difficultés auxquelles Elizabeth Holmes a dû faire face en tant que jeune entrepreneure dans un univers dominé par les hommes. C’est aussi ce qui a pu contribuer à sa fascination : une femme qui veut s’imposer, qui rêve de devenir « la Steve Jobs de la médecine ».
Elle utilise les codes du pouvoir (voix grave, tenue sobre, maîtrise de la communication) pour s’y faire une place. Mais ces stratégies sont-elles de la manipulation ou de la survie ? Le scandale Theranos prend ici une autre dimension : celle d’un combat pour exister, même au prix de la vérité.
La culture du « fake it till you make it »
La série dévoile aussi sans fard les dérives d’une Silicon Valley obsédée par la disruption1. On ne vend plus des produits, mais des promesses. On attire les investisseurs sur des slides PowerPoint, on convainc les journalistes avec des démos truquées.
Elizabeth Holmes n’a pas inventé cette culture : elle l’a poussée à son paroxysme. Le scandale Theranos devient alors le miroir grossissant de tout un écosystème. On comprend que le problème ne se résume pas à une seule personne, mais à un système qui encourage le bluff, tant qu’il rapporte.
Un récit moderne, fascinant et glaçant
Ce qui fait la force de The Dropout, c’est aussi sa manière de rendre ce récit accessible sans tomber dans le sensationnalisme. La réalisation est sobre, le rythme bien dosé et les dialogues sonnent juste. On se surprend à ressentir de la compassion, de l’agacement, de la fascination, parfois tout ça en même temps.
Le scandale Theranos, traité ici avec une certaine légèreté dans la forme, mais une rigueur sur le fond, interroge notre rapport à la réussite, à l’image, à la vérité. Il oblige à se demander pourquoi tant de monde a voulu y croire. Et ce que cela dit de notre époque.
The Dropout n’est pas qu’une série sur une fraude célèbre. C’est un miroir tendu à la société moderne, un récit d’ascension et de chute porté par une actrice au sommet de son art.
Si vous ne l’avez pas encore vue, préparez-vous à être aussi fasciné que troublé. Et peut-être, comme nous, à parler de cette série pendant longtemps, entre deux gorgées de café.
Lien
- Quand une idée, un produit ou un service vient bouleverser les règles du jeu dans un secteur donné. Elle ne se contente pas d’améliorer un système existant, elle le remplace, souvent de façon radicale. ↩︎
